Engrais vert, fumier et agroforesterie

Dom cultive une partie de ses fruits et légumes. Il répond à notre interview truquée.

Salut Dom, c’est quoi un engrais vert ?

L’engrais vert est le nom donné à une technique qui permet d’enrichir et améliorer le sol en y incorporant des plantes cultivées sur place. Ces plantes travaillent gratuitement et généreusement le sol en profondeur à l’aide de leurs racines. Elles puisent des éléments dans le sol et dans l’atmosphère (azote) qui seront utiles aux plantes cultivées par la suite. Elles permettent de couvrir le sol entre les cultures, ce qui retient l’humidité, freine l’érosion et la pousse d’autres plantes non désirées.

Quels types d’engrais verts sèmes-tu ?

Mi-août dernier, j’ai semé de la phacélie. C’est une plante mellifère très appréciée des abeilles lorsqu’elle fleurit. Sa levée est difficile. Lorsque ça fonctionne, elle produit beaucoup d’humus. Elle a la vertu d’étouffer les plantes adventices et de contrôler ainsi leur développement. Cette plante est détruite par le gel.

DSC_0386.redimensionne.JPG, nov. 2020

En septembre, j’ai semé de la moutarde blanche. Cette plante lève facilement et pousse très vite. C’est un extracteur de phosphore. Je comprends que cette plante a la capacité de réduire le lessivage, c’est à dire la perte de minéraux assimilables par les plantes et normalement lessivés par les pluies. Elle est partiellement détruite par le gel.

DSC_0379.redimensionne.JPG, nov. 2020

Comment les sèmes-tu ?

Avant de les semer, j’observe la météo. Je les sème à la volée, de préférence juste après les dernières récoltes et avant une pluie. Préalablement, le sol est travaillé superficiellement sur seulement 5 cm de profondeur. Les graines de phacélie sont très petites, je ne les enfouit pas. Je me contente de tasser la terre après le semis à l’aide d’un rouleau ou le dos du râteau.

Que sèmes-tu après ?

Je cultive de préférence des légumes gourmands en matière organique comme les choux, les pommes de terre, les potirons, courgettes, concombres …

DSC_0388.redimensionne.JPG, nov. 2020

Cette année, en plus de l’engrais vert, tu as épandu du fumier de cheval ?

Oui, j’ai hésité. Ne trouvant pas de réponse à mes doutes, en octobre dernier, j’ai épandu du fumier de cheval mûr (de plus de 3 mois, pour limiter d’éventuels vermifuges et antibiotiques absorbés par l’animal) sur la phacélie et la moutarde, là où seront cultivées les plantes exigeantes en nutriments.

IMG_20201112_123525.redimensionne.jpg, nov. 2020

Je n’ai pas fauché l’engrais vert. J’ai étendu une couche de fumier de cheval bien décomposé (qui a une odeur de sous-bois) par-dessus la phacélie et la moutarde. Certaines plantes se sont relevées. A priori, une plante couchée au moment où elle fleurit ne se relève pas et ne se ressème pas. Elles seront partiellement détruites par le gel. Les racines sont toujours en place. Rien n’a été enfoui.

Je pense que si la plante (phacélie ou moutarde) meurt, les racines décomposées laissent des canaux d’irrigation et d’oxygénation. Je compte sur la macrofaune pour manger la matière organique. Au printemps prochain, la matière organique aura été digérée et introduite dans sol par les vers (les vers de terre sont nos amis). Le passage des vers laisse des galeries, oxygène le sol, favorise le développement des bactéries et la vie du sol.

Tu n’as pas peur d’apporter trop de matière organique ?

C’est possible, mais je manque de données techniques et je dois avouer que je navigue un peu à vue. Je suis guidé par le fait que le sol est argileux et que le moyen de l’alléger est d’apporter des matières ligneuses (carbonées). Chaque parcelle a reçu une quantité de fumier tous les quatre ans. Ensuite je joue sur la décroissance de la matière organique. Par exemple la première année je cultive des plantes gourmandes en matière organique comme les cucurbitacées. L’année suivante, je cultive des plantes moins gourmandes comme les carottes. La dernière année, je cultive de l’ail, de l’oignon ou de l’échalote.

Et l’agroforesterie ?

J’ai introduit des arbres et fruitiers dans le potager il y a 5 ans. Ces arbres délimitent les parcelles cultivées. Leurs racines profondes puisent des nutriments dans le sol et les remontent dans les feuilles. Les arbres donnent des fruits, génèrent de l’ombrage (certaines plantes ne survivent pas en plein soleil), réduisent les effets de la canicule, l’évaporation, limitent les arrosages et l’érosion liée au vent, attirent les oiseaux qui régulent les insectes, augmentent la biodiversité… Cette année, les feuilles tombées ont constitué un apport en matière organique. J’ai ajouté les feuilles ramassées sur le reste du terrain. Rien n’est perdu. Grâce aux feuilles épandues, les vers de terre, qui craignent la lumière, le froid et la chaleur, peuvent ainsi plus facilement remonter en surface pour travailler le sol et digérer la matière organique. Un écosystème se met en route.

IMG_20201112_133622.redimensionne.jpg, nov. 2020

Tu es sûr de toi ?

Je n’ai pas fait d’études agricoles. Au départ, je sais que je ne savais rien. Alors j’observe, je lis, j’écoute, je me fais confiance et je teste. La surface du potager est de 400m2. Au fil des années et de l’expérience, je constate que les interventions mécanisées diminuent, qu’il n’y a presque plus d’arrosage, que l’autonomie alimentaire augmente, que les fruitiers donnent de plus en plus : pommes, poires, framboises, cerises , kaki, pêches, groseilles, cassis, prunes, coings, noisettes …, que la biodiversité et la vie du sol augmente. Tout cela ne vient pas sans effort. Parfois je suis débordé. Mais globalement je pense intervenir de moins en moins ou plutôt autrement.

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